Les origines d'ANNEQUIN

L'histoire de notre village est ancienne et si les sources sont très maigres, les études archéologiques ont montré qu'il comptait déjà quelques habitants au néolithique !
Après la conquête de la Gaule par Jules César, en 51 avant J.C, son territoire est divisé en trois provinces. Annequin fait alors partie de la province de Gaule-Belgique et est administrée par les romains. Les troupes romaines qui stationnent dans notre région, transmettent peu à peu leur mode de vie, et l'on voit se développer un nouveau type d'habitat et d'exploitation agricole, les "villae". On a d'ailleurs retrouvé les traces d'une de ces fermes gallo-romaines au sud d'Annequin. Ces "villae" étaient souvent accompagnées de petits ateliers de tissage pour la conception de vêtements, de vannerie, de céramique et d'une forge. Toutes ces activités occupaient un certain nombre de personnes au service des propriétaires de la ferme. "Annequin", qui ne porte pas encore ce nom, est déjà un petit village.

  
monnaie romaine 1         monnaire romaine 2
(Pièce de monnaie gallo-romaine retrouvée à ANNEQUIN par Souvenirs de Soldats)


Entre 400- 600 de notre ère, les grandes invasions de peuples germaniques provoquent la chute de l'empire romain. Les francs envahissent la Gaule, et s'y installent. C'est à cette période que le toponyme "Annequin" est apparu. Il évoquerait un domaine franc ou carolingien auquel le possesseur "Anno" (patronyme germanique), aurait donné son nom. Annequin proviendrait donc du nom "Anno" et du suffixe flamand "kins" : soit en 1184 "Annekins".



















 

 

 

 

 

 

Le Moyen-Âge

D'autres éléments toponymiques permettent d'en savoir un peu plus sur notre commune. En effet, les lieux dits Couturelle, et dîmes novales (dîmes nouvelles) laissent penser qu'il s'agissait de zones nouvellement défrichées. Il faut dire que l'époque féodale a connu plusieurs vagues de défrichements (XI°, XII°, XIII° siècle). Avec l'essor démographique et l'amélioration de l'outillage, les hommes ont défriché pour accroître les terres cultivables. A Annequin, les défrichements se sont certainement poursuivis durant la seconde moitié du Moyen-âge.
Un château seigneurial, à côté de l'église, était sûrement déjà en place dès le XI° siècle. Le village, lui, s'est développé au nord du château, le long de la grande et de la petite rue (actuelles rue Léon Blum et rue des Résistants), et dans le bas d'Annequin (actuellement rue Fontaine et rue de Gorre).


Les seigneurs du XI° au XIII° siècle :

La plus ancienne mention d'un seigneur d'Annequin dans les écrits date de 1070, il s'agit de Liétard d'Annequin.
Son fils, Liétard II d'Annequin apparaît plus régulièrement dans les sources entre 1207 et 1245. Mais les documents ne nous apportent aucune information sur le village.

Les Lens-Annequin XIII°-XIV° siècle : imagehistoire3
Godefroy de Lens est le troisième fils du châtelain de Lens, il devient seigneur d'Annequin par mariage avec Isabelle d'Alennes, dame d'Annequin héritière de Liétard II. Godefroy meurt en 1339, et son fils Godefroy II lui succède. Dès 1340, ce dernier participe aux premières luttes de la guerre de Cent Ans, et en 1346, il force les flamands à abandonner le siége de Béthune. La même année, il s'engage à servir le comte de Flandre. Nous ne savons rien de sa mort, à part l’année : 1351.
La guerre de 100 ans va permettre aux seigneurs annequinois de s’illustrer. Et Bauduin II, fils aîné et successeur de Godefroy II, devient rapidement l'un des meilleurs capitaines français. Déjà en 1346, il a défendu Béthune au côté de son père. Nous savons également qu’en 1351 et 1352, il guerroie en Normandie, puis en 1353-1354 en Bretagne, où il fait la connaissance de Bertrand du Guesclin. En 1356, on le retrouve à Poitiers, où il est blessé et fait prisonnier. Il accompagne le roi captif, Jean le Bon, en Angleterre. Peu à peu, il acquiert la confiance et l’amitié du roi qui le nomme Chambellan royal. D’ailleurs, à sa libération un an plus tard, Godefroy II est chargé d’accomplir quelques missions secrètes pour le roi et son fils, le futur Charles V. Ces services rendus lui ont valus quelques nominations à des postes prestigieux. Il est fait Grand Maître des arbalétriers de France, et gouverneur de la Flandre wallonne à Lille.  Mais Godefroy II est un homme d’action qui préfère de loin l’aventure et la guerre aux intrigues de la cour. Il reprend alors son chemin et poursuit le combat. Ce qui nous permet de suivre son parcours. Il est de nouveau fait prisonnier par les anglais et libéré contre rançon. Il faut dire que la guerre tourne à l’avantage des anglais et en 1364, la France est dans une situation catastrophique. Du Guesclin lève alors une grande armée pour renverser la situation. Evidemment Bauduin d'Annequin le rejoint en tant que Lieutenant. C’est au cour d’un affrontement à Cocherel, le 16 mai 1364, que Bauduin trouve la mort. Les troupes françaises menées par Du Guesclin remportent cependant la bataille.
Bauduin II n'avait pas d'enfant légitime, c'est donc son frère Nicolas qui lui succède. Et suite au décès de ce dernier, c’est à sa sœur Jeanne que revient la seigneurie.

Les du Bos et de Fiennes XIV°-XVII° siècle : imagehistoire4
Les du Bos ou du Bois tirent leur nom du fief du bois à Phalempin. Jean du Bos, dit Bosket, est le premier à s'implanter en Artois. Il achète dans un premier temps la seigneurie de Vermelles vers 1350, puis il épouse Jeanne d'Annequin. Lorsque Jeanne meurt, en 1392, c’est à leur fils Jean que revient la seigneurie annequinoise.
Jean du Bos est donc seigneur d'Annequin et de Vermelles mais aussi capitaine du château de l'Ecluse en Flandre, et Chambellan du duc de Bourgogne. Tout comme ses prédécesseurs, il participe activement à la guerre de Cent Ans. Mais si Bauduin II avait combattu les prétentions du roi d’Angleterre sur la France, Jean du Bos, en bon vassal du duc de Bourgogne, combat aux côtés des anglais contre le roi de France, espérant ainsi que son suzerain déjà plus puissant que le roi, soit couronné. C’est donc avec la cavalerie anglaise que Jean perd la vie sur le champ de bataille d’Azincourt, en 1415.
C’est son fils Philippe qui hérite de la seigneurie d'Annequin. En 1422, Philippe est fait chevalier lors d'un combat qui oppose les anglais et les picards (dont il fait partie) aux armagnacs (partisans du roi de France). Cinq ans plus tard, lors de la guerre que livre Philipe le bon (duc de Bourgogne) à Jacqueline de Hainaut, les bourguignons mettent le siège devant Amersfoort aux Pays-bas, Philippe y est tué. Comme son père, il est mort au combat.

  
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L'époque moderne

Entre 1425 et 1550, nous ne disposons que de peu d’information sur Annequin et ses seigneurs. Nous pouvons simplement les citer.
Le fils de Philippe, Jean II du Bos vécut 71 ans (1425-1496). Puis Jean III du Bos lui a succédé jusqu'en 1501. Anne du Bos a ensuite bénéficié de la seigneurie jusqu'à sa mort en 1516. C’est alors son fils Antoine du Bos (dit Antoine de Fiennes) qui en est le propriétaire jusqu'en 1537. Enfin, Charles du Bois en devient le seigneur jusqu'en 1550, et Eustache de Fiennes lui succède.
Si les sources restent maigres, elles permettent toutefois d’en savoir un peu plus sur Eustache de Fiennes. Ce seigneur d’Annequin est également comte de Chaumont, vicomte de Fruges, baron d'Elnes, et seigneur d'Esquerdes. Converti au calvinisme, il prend part aux troubles qui secouent l'Artois demeurée catholique dans le dernier tiers du XVI° siècle. Il est l’un des chefs protestants qui soutiennent le prince d'Orange contre l'Espagne (catholique) qui administre notre région par héritage de Charles-Quint. En 1577, Eustache de Fiennes est même le meneur du parti orangiste à Saint - Omer, et en 1578, il participe aux tentatives calvinistes de prise de pouvoir à Arras. Malheureusement pour lui, ce projet est un échec et le conduit, en 1585, devant le Conseil des troubles qui le condamne au bannissement et à la confiscation de ses biens, dont la seigneurie d'Annequin. Il meurt en 1596, et son fils Guislain vend la seigneurie une dizaine d'année plus tard, à Maximilien du Chastel.

Monnaie d'Henri II Monnaie d'Henri II
(Pièce de monnaie datant de l'époque d'Henri II, retrouvée à ANNEQUINpar l'association Souvenirs de Soldats)

Les Duchastel de Blangerval (XVII-XVIII° siècle) :
Maximilien du Chastel, seigneur de Blangerval, Rolleghem, Labourse, Colonel d'infanterie, gouverneur et grand bailli d'Audenaerde, achète la seigneurie d'Annequin en 1606 et celle de Noyelles-les-Vermelles deux ans plus tard. Il meurt en 1625.
Son fils Charles-François du Chastel lui succède, puis Annequin passe aux mains de Jérôme-Philippe du Chastel jusqu'en 1666 ; François-Guilbert-Joseph du Chastel en est l'héritier et meurt en 1723 sans descendance. C'est son frère, François-Guilbert-Joseph Louis qui lui succède mais il meurt de la suette en août 1723, et est inhumé dans la chapelle de St Jean-Baptiste de l'église d'Annequin.
Hubert-François-Marie Albérique succède lui aussi à son frère, mais il ne profitera de la seigneurie que pour une très courte durée, puisqu'il meurt également de la suette le 25 décembre de la même année
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La guerre de trente ans :
Depuis 1493, l'Artois est sous domination autrichienne et espagnole. Par héritage, Charles Quint destiné à régner sur la région, devient roi d'Espagne et empereur du Saint Empire Romain Germanique. Il dispose donc d’un ensemble de territoire qui encercle la France et représente une menace. Les "Pays-Bas" (formés des Pays-Bas actuels, de la Belgique, et de notre région) sont alors administrés par les espagnols. L'administration ibérique très catholique s'est vite attirée les foudres des populations et des princes protestants de Hollande et de Flandre. En revanche, les territoires catholiques dont Annequin fait partie, ont plutôt soutenu les espagnols.
Charles Quint, affaibli par la vieillesse et la maladie, abdique au profit de son fils, Philippe II. Une farouche opposition est alors née entre la France et l'Espagne qui toute deux souhaitent établir leur hégémonie sur l'Europe. En 1635, l'inévitable se produit, la guerre éclate entre Philippe IV d'Espagne et Louis XIII. Les affrontements gagnent l'Artois (Saint Omer) en 1638. Au cours de l'hiver 1640, les français lancent quelques attaques aux environs de Béthune. Mais c'est en 1641, que la guerre provoque le plus de dommages. Les français sillonnent l'Artois, pillent et incendient les villages qu'ils traversent. L'armée française, sous les ordres de Meilleraye, s'empare de La Bassée le 26 août 1641. Les troupes qui participent à ce siège, stationnent dans les villages d'Auchy, de Cambrin, et d'Annequin. Notre village souffre de cette guerre. D'ailleurs, entre septembre et décembre 1641 les habitants de Festubert, Cuinchy, Cambrin, Annequin, Noyelles, Vermelles, Sailly, et Mazingarbe voient leurs villages dévastés, et se réfugient pour la plupart à Beuvry, moins exposée aux mouvements des troupes.


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(Carte ancienne du plat pays, non datée, sans doute XVII° ou XVIII° siècle)


En 1643 et 1644, le théâtre de la guerre s'éloigne un peu. Mais le répit est court, puisque dès 1647 la guerre est là à nouveau. Les espagnols dirigés par l'Archiduc Léopold reprennent Lens, le 16 juin. Tandis que du côté français, le Maréchal Gassion s’empare de La Bassée et part assiéger Lens qui se rend le 3 octobre aux français. Mais les espagnols contre attaquent et  reprennent la ville quelques jours plus tard. La détresse des paysans est extrême avec le va et vient continuel des troupes, la majorité des terres sont rendues incultivables et d’après nos sources « il ne reste plus une maison debout à une lieue à la ronde de Cambrin ». Il faut souligner que les artésiens ne voyaient certainement pas tous d'un bon œil les attaques françaises. La grande majorité d’entre eux sont catholiques et donc farouchement opposés aux protestants. Or, les français soutiennent financièrement et militairement les princes protestants dans la lutte contre la puissance espagnole. Pour Richelieu, la raison d’Etat étant supérieure à la question des religions, il n’est pas contradictoire de favoriser les révoltes protestantes contre l’administration espagnole catholique, pour affaiblir cette dernière. Ainsi, Richelieu aurait dit que les artésiens étaient « plus espagnols que les castillans».
Parallèlement aux pillages et aux ruines, il faut ajouter un nouveau fléau : la peste.
La victoire de Lens par l'armée du Prince de Condé le 20 août 1648, et le traité de Westphalie mettent fin à la guerre de trente ans. Un tiers des habitants de Beuvry sont morts durant ces années de guerre, alors que ce village semblait moins exposé. C'est une proportion encore plus forte de la population annequinoise qui a du disparaître. Les paysans ont sûrement souffert plusieurs années des conséquences de cette guerre.


La guerre de succession d’Espagne :

Un demi-siècle plus tard, les combats reprennent. Cette fois, la guerre oppose la France et l'Espagne à une coalition européenne, de 1701 à 1714. Cette campagne est la dernière grande guerre de Louis XIV, elle a permis à la France d'installer un monarque français à Madrid. Rappelons que, de nos jours, cette dynastie règne encore en Espagne.
Le 1er novembre 1700, Charles II, roi d'Espagne, meurt sans successeur. Les deux principales familles régnantes d'Europe, celle de France (Bourbon) et celle d'Autriche (Habsbourg), toutes deux très apparentées au souverain espagnol, revendiquent le trône.
Mais le roi d'Espagne, mourrant, lègue sa couronne par testament à Philippe, duc d'Anjou, petit-fils de Louis XIV. Ce dernier est, en effet, par sa mère Anne d'Autriche, petit-fils du roi Philippe III d'Espagne, donc cousin germain de Charles II. Philippe qui n'a que 17 ans lorsqu’il rejoint Madrid où il est couronné sous le nom de Philippe V.
L’Angleterre et les Pays-Bas, craignant la nouvelle puissance de la France alliée à l'Espagne, forment en 1702 la Grande Alliance avec la Prusse, l'Autriche, le Piémont et le Portugal.
A cette époque la limite entre Flandres et Artois part de la manche, suit l'Aa jusqu'à Saint Omer, le canal neuf fossé entre Saint Omer et Aire sur lys, la Lys jusqu'à Estaires, d'Estaires au bas-Cuinchy. Il s'agit d'une zone caractérisée par ses marais et terrains humides. Le seule zone fiable qui permet une attaque de Lille vers Arras (ou vice-versa) est comprise entre Cambrin et La Bassée, en terre ferme sur une sorte de plateau.
Annequin compte alors 68 feux, soit 245 habitants, un château fort et sa ferme appartenant à la famille du Chastel de Blangerval, et un moulin à blé.
Après la perte de la Belgique par les armées de Louis XIV, les alliés (hollandais et anglais) se trouvent à Warneton et lancent des attaques jusque devant Arras. La Bassée est occupée par les alliés. Mais les français avant de se retirer prennent soin d’emporter ou de détruire tous les grains et fourrages de la région entre Lens, La Bassée, et Béthune. Dès 1707, les alliés font subir aux populations de nos villages un certains nombres de réquisitions et servitudes. En 1708, ils pillent les villages sans scrupules. Pendant tout l'automne la contrée est livrée aux brigandages. Les habitants se réfugient à Béthune ou Beuvry derrière les marais. Le 27 Octobre 1708, le curé de Cambrin, Delerue écrit : « ne pouvant sortir pour les courses journalières des hollandais en ce quartier, n'ayant oser sortir de Béthune où j'étais réfugié à raison des mauvais traitements que l'on recevait tous les jours des troupes hollandaises et anglaises ... ». La situation à Annequin est identique.
A la fin novembre 1708, les alliés quittent La Bassée que les français investissent pour s'opposer à une invasion de l'Artois venant de Lille. La trouée Cambrin-La Bassée est donc verrouillée et en décembre les troupes françaises cantonnent à Annequin et Cambrin.
Le Maréchal Villars, dans les premiers mois de 1709, établit une ligne fortifiée joignant Béthune à Pont à Vendin, en utilisant en partie les marais d'Annequin, de Cambrin, et de Cuinchy. Des hommes du village sont ainsi réquisitionnés pour aider à l'édification. Mais cette ligne fortifiée ne sera pas d'une grande utilité puisqu'au début du mois de mai 1710, les alliés investissent Douai et prennent nos fortifications à revers. Dès lors, l’ennemi a le champ libre et prend Béthune le 15 juillet. Notre région est alors aux mains des hollandais jusqu'à la Paix d'Utrecht, en 1713, qui rend l'Artois à la France. Pendant toutes ces années la misère est extrême. A toutes ces souffrances vient s'ajouter une épidémie, en 1709-1710, qui touche toute la France, et dont les symptômes évoquent le scorbut.

 

Les « Morlots » d’Annequin :
Une nuit, dit la légende, les habitants d'Annequin ont fauché toutes les récoltes du seigneur, ce qui leur valut le nom de « Morlots ».
L'origine de ce nom n'est pas annequinoise. Pour comprendre ce surnom, il faut savoir qu'à la fin du XVII° siècle (1689), la prévôté de Berclau intente un procès aux habitants qui refusent de payer la dîme sur le colza. En 1702, la prévôté publie un « Mémoire contre les « morlots », perturbateurs du repos public à Illies, Sainghin, Berclau, Hantay … Il s'agit de bandes formés 7 ou 8 ans auparavant quand l'abbaye obligea par procès les habitants de ces lieux à payer la dîme du colza. A Illies, cette bande donne à son chef le nom de « Morlot» ou « Mourlot », tire des coups de fusil contre les fermiers de la dîme et le curé, fauche ou brûle le colza, coupe les jarrets et langues des bestiaux, parcourt les rues travestie et masquée, et jette partout l'épouvante » … « c'est un mal qui se communique d'une ville à autre, ce sont des gens sans foy, ni loy, leur insolence se fortifie par leur confiance dans leurs armes à feu … ».
Ces petites jacqueries persistent de nombreuses années. En 1723 encore, une nouvelle bande « mène grand vacarme toutes les nuits, a casser les vitres du curé, faucher le lin, …, boucher le puits du curé de Violaines avec de la courte paille ». Ce n'est qu'en 1738 que se termineront les procès intentés à ce sujet.
A Annequin, le dictionnaire historique du Pas-de-Calais signale « l'espèce de révolte qui se manifesta dans plusieurs villages en 1740. Au mois de juillet de cette année un certain nombre de paysans d'Annequin et de Cambrin, auxquelles se joignirent les mauvais sujets des villages voisins s'attroupèrent sans autre but déterminé que de causer du désordre à l'instigation des frères d'Assignies d'Annequin … ». C'est très certainement par analogie avec les perturbateurs d'Illies qu'on dénomma ceux d'Annequin, les « Morlots ». Ces résistances des paysans aux seigneurs et aux abbayes, l'aide même qu'ils trouvaient auprès de leurs curés, sont certainement les germes de la Révolution de 1789.

Les d'Assignies, seigneurs d'Annequin (XVIII° siècle) : imagehistoire6
Marie-Philippe-Albérique Duchastel épouse François-Eugène d'Assignies, chevalier, seigneur de Verquin, qui meurt en 1731, et qui est inhumé dans le chœur de l'église d'Annequin. Leur fils, Charles-François-Florent d'Assignies, meurt à 36 ans en 1753. Il est inhumé dans le cimetière d'Annequin. Une dalle à sa mémoire se trouvait dans la chapelle seigneuriale. Sa veuve, Marie-Madeleine-Joseph-Alexandrine de Tramecourt se remarie en 1769 avec Jacques-Louis-Alexandre, baron de Grimaldi, chevalier de l'ordre de Saint Louis, lieutenant et commandant pour le roi des villes et châteaux de Béthune. Le tronçon de la rue des messes, compris entre la nouvelle route royale (RN 41) et le château (situé derrière l'église), actuellement rue Roger Salengro, témoigne de ce mariage puisque jusqu'au début du XX° siècle, la rue portait le nom de « pavé Grimaldi ». Mort à Béthune en 1778, le baron est inhumé à Annequin.
L'année suivante, sa veuve convole en troisième noce avec le comte Ange-François de Beaulaincourt, commandant pour le roi à Béthune. Ce fut un mariage de courte durée, puisque la comtesse meurt quatre ans plus tard, mais de cette union est né le dernier seigneur d'Annequin : Une fille. Marie-Françoise-Constance-Antoinette d'Assignies est en effet la dernière à porter ce titre, car le mécontentement perceptible depuis plusieurs années éclate. La Révolution de 1789 met fin au régime monarchique et aux privilèges de la noblesse. La "citoyenne Dassignies" est arrêtée le 16 janvier 1794 sur ordre du Comité de surveillance de Béthune. Elle est libérée peu de temps après, et meurt à Lille, le 14 juillet 1805.

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(Carte de Cassini- fin du XVIII° siècle)


Vers 1770, le curé d'Annequin écrivait : « Annequin est la plus pauvre paroisse du diocèse ». A cette époque il existait deux dictons évocateurs :
•  « Inne grande marmite avec rien d'ins »
•  « Annequin les bousates » qui traduisait le mauvais état des routes.
En 1790, Annequin compte cependant 490 habitants.

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L'époque contemporaine

La chute de la monarchie française ne plaît guère aux royaumes voisins. L'instauration d'une République en France remet en question l'équilibre européen et favorise la propagation d'idées nouvelles. Aussi,  les puissances européennes cherchent à attaquer la France. De 1792 à 1794, la région est par deux fois envahie par l’armée autrichienne, mais les armées révolutionnaires libèrent le territoire et envahissent les provinces de Belgique qui resteront françaises jusqu’en 1815.
La période post-révolutionnaire est aussi marquée par une grande instabilité politique. C'est finalement Napoléon Bonaparte qui s'impose et lance la France dans une série de guerres pour établir son empire. Pour cela, il a besoin d’hommes, de soldats, c’est pourquoi une loi de conscription mobilise nombre de jeunes hommes de la région. On peut donc penser que des annequinois ont combattu lors des campagnes napoléoniennes.
Une chose est sûre, pour notre village, ce début de XIX° siècle est très agité. D'abord, par les « chauffe-pieds » ou « chauffards » (une bande de brigands) qui terrorisent la région. Leur chef, Petit François, est finalement arrêté et exécuté. Et d’autre part, parce que les annequinois doivent faire face à une épidémie de choléra qui cause un véritable ravage, en 1827.
En 1848, l'Annuaire du Pas-de-Calais décrit notre commune : « Ce village est fort ancien, il tire son nom du celtique An (= rivière), et d'Acum (= demeure). Le bas d'Annequin est plus considérable que le haut et ne forme, pour ainsi dire qu'une longue rue, composée de maisons, pour la plupart en torchis. Sa population est de 589 individus. Son église qui pendant la tourmente révolutionnaire a servi, comme bien d'autres, d'usine à salpêtre, n'a pas été vendue … Marie-Françoise d'Assignies épousa en 1756, François-Ferdinand de Lannoy d'Annappe. Le fils aîné de ce dernier vendit, en 1820, à M. Colombier de Lille, la terre d'Annequin avec le château. Cet édifice peu habité depuis longtemps, exigeait sans doute beaucoup de réparations. Le nouveau propriétaire le fit démolir. C'est une grande perte pour l'archéologie car ce château était des plus remarquables. L’église, sous le vocable de Saint Martin, parait dater du XVII° siècle. Le clocher date de 1753… ».
A la chute de Napoléon, la IIème République voit le jour. Le parti Bonapartiste reste cependant très influent et Louis Napoléon Bonaparte (neveu du premier) devient le premier président de la République et établi le Second Empire sous le nom de Napoléon III. Les relations franco-prussiennes sont alors très tendues. En 1870, la candidature du prince allemand Léopold de Hohenzollern Sigmaringen à la succession du trône d'Espagne, suffit à déclencher une guerre. Les Généraux français pensaient pouvoir battre aisément les prussiens. La réalité est toute autre. Les allemands mieux équipés, n'ont aucun mal à mettre en déroute l'armée française. Les Uhlans (soldats prussiens) s'emparent d'une grande partie du Nord/Pas-de-Calais. La guerre tourne rapidement au désavantage de la France, mais ne cause pas de dégâts importants dans notre région. Napoléon III est fait prisonnier à Sedan, c'est la fin du Second Empire, la République est proclamée. Paris est alors menacée et la France capitule en janvier 1871.

Annequin et l’exploitation minière :
A la fin du XIX° siècle, la population d’Annequin augmentent rapidement. Le nombre d’habitants passe de 620 en 1889 à 1886 en 1912, soit trois fois plus d'habitants en seulement 23 ans. Cet accroissement rapide est lié à l’installation d’une exploitation minière dans notre commune.
Si l’exploitation du charbon débute dès le milieu du XVIII°siècle dans le département du Nord, il faut attendre 1842 pour que l'on découvre du charbon dans le Pas-de-Calais, à Oignies. De grandes compagnies minières se forment et très rapidement le jeune bassin du Pas-de-Calais qui ne cesse de s’agrandir, surpasse celui du département voisin.
La production de charbon est, à cette époque, en constante augmentation.
C’est ainsi, qu’en 1891, l’agent général de la compagnie minière de Béthune demande au préfet du Pas-de-Calais, « l’autorisation d’ouvrir un nouveau siège d’exploitation, dit n° 9, … sur le territoire de la commune d’Annequin ».
Le puits n° 9 est foré en 1892-1893, et l’exploitation débute en 1896. La Fosse n°9 dépend de la concession de Grenay et descend à environ 500 mètres de profondeur. Elle n’exploite que des charbons quart gras dont la teneur en matières volatiles est de 15% au maximum, ce qui signifie que les galeries sont peu grisouteuses, mais aussi que le charbon extrait à Annequin sera destiné à l'industrie et non au chauffage de foyer domestique. La fosse 9 communique avec chacune des fosses voisines (fosses n°4 et n°2). Les galeries permettant de rejoindre ces fosses ne traversent que des terres dites « stériles » (sans charbon) et servent aussi d’issue de secours en cas de catastrophe.
Au début de XX° siècle, la production journalière est d’environ 700 tonnes par jour.
Le salaire journalier moyen est de 4 francs 64 centimes pour un ouvrier du fond, et de 3 francs 54 pour un ouvrier du "jour" et d’après les statuts des ouvriers et employés des mines de Bully-Grenay, à travail égal, les hommes mariés gagnent plus que les hommes célibataires.
Pour loger les mineurs à proximité de la fosse, la compagnie des mines de Béthune fait construire la cité 9 dans les années 1890.
En 1906, le Directeur de la compagnie des mines sollicite « l’autorisation d’ouvrir un nouveau puits d’extraction n°12 sur la commune d’Annequin … l’emplacement choisi pour le nouveaux puits est de 1755 mètres au Sud-Ouest du puits n° 9 et à 655 mètres de la limite Ouest de la concession de Grenay » (au-delà de la route nationale 43).
Le puits n° 12 est achevé en 1910. Ce puits sert à aérer les galeries. Il atteint une profondeur de 520 mètres. Grâce à ce puits, muni de deux ventilateurs « râteaux » commandés par des moteurs électriques, le goyot de la fosse n° 9 est supprimé. L’aérage des galeries de la fosse 9 en est grandement amélioré, comme en témoigne un rapport de l’ingénieur des mines, daté de 1911 : « l’aérage de la fosse 9 est presque excessif depuis la suppression du goyot et l’ouverture du puits n° 12 : beaucoup de circuits sont même en partie fermés de façon à faciliter l’aérage de la fosse n° 4, plus éloignée …».
En 1910, 440 mineurs vivent à Annequin, dont 417 travaillent à la fosse n° 9 pour la compagnie de Béthune; un seul pour la compagnie de Lens ; et 22 pour la compagnie de Noeux. Cinq ans plus tard, se sont 485 mineurs qui habitent la commune. Il faut souligner que la fosse d’Annequin occupe au total 832 ouvriers, et que 220 d’entre eux sont logés dans la cité 9. Cette augmentation de la population engendre évidemment l'ouverture de commerces. La commune ne compte pas moins de 5 estaminets dans lesquels les mineurs se réunissent après le travail pour se détendre en jouant aux cartes, aux javelots, etc.
Un chemin de fer permettant de transporter le charbon, appelé « chemin des cavaliers », traverse la commune. Venant de Sailly-Labourse, cette voie ferrée passe à l’ouest de la cité minière et de la fosse, puis derrière l’église en direction d’Auchy-les-mines. En 1907, la compagnie des mines de Béthune fait construire un embranchement pour relier la fosse 9 à la fosse 12. Celui-ci prend son départ derrière l’église, puis se dirige vers Noyelles-les-Vermelles, franchissant la RN 43. Or, la compagnie des mines de Béthune qui possède les terrains commence les travaux sans en avertir la municipalité. Ce qui a donné lieu à des réclamations de M. Pinchon, Maire d’Annequin. En effet, la voie ferrée traverse des chemins qui appartiennent à la commune : « Il est incontestable que les chemins dont il s’agit (le chemin rural dit du Bouré et sentier) sont propriétés de la commune. Il appartenait par conséquent à la compagnie de demander et d’obtenir contre condition à fixer, le droit de les couper par la voie ferrée. Quand cette première partie de la question sera tranchée, le maire d’Annequin examinera avec la plus grande bienveillance la question de modifications des parties où ils sont traversés, l’établissement de passages à niveau ainsi que tous les travaux qui permettront à la compagnie des les utiliser pour son service personnel, tout en sauvegardant les droits du public ». Des passages à niveau surveillés sont alors mis en place à hauteur de la RN 43 et du chemin du Bouré pour garantir la sécurité.
En 1908, les mineurs de la fosse 9 utilisent pour la première fois la lampe de sûreté à essence, système Marsault, qui permet de détecter la présence de grisou. Avant cette date, les mineurs utilisaient une lampe à feu nu, beaucoup plus dangereuse.
En 1911, notre village se modernise, la Société Artésienne de Force et Lumière établit une ligne électrique aérienne destinée à alimenter le poste de transformation d’Annequin, installée au croisement de la rue de l’église et de la route nationale 41. La ligne électrique à haute tension est mise en place le long de la rue de Noyelles, du chemin des vaches et de la rue de l’église. Annequin est alors une commune prospère, dont le nombre d’habitants et l’activité économique ne cessent de se développer.
Faits divers rapportés par le Journal de Lens entre 1895 et 1914 :
Le 13 mai 1895, une grande cérémonie est organisée pour les funérailles de M. Théodore Denis, instituteur d’Annequin à la retraite, décédé à l’âge de 68 ans. « Une foule considérable venue de divers points du département, la plupart des instituteurs et institutrices du canton, les notabilités de la commune avaient tenu, par leur présence, à rendre un dernier hommage à l’homme de bien » … « M. Denis était en retraite depuis 11 ans, après 38 ans de bons et loyaux services. Instituteur d’élite (il avait terminé 1er de l’école normale supérieur), il ne tarda pas a être apprécié de ses supérieurs qui lui offrirent le poste d’Arras. Il crut devoir refuser ce poste d’honneur par modestie… ».
Le 24 juin 1895, « un violent incendie a éclaté dans une petite ferme, appartenant à Mme veuve Fourmaux et occupée par un ouvrier mineur, Eugène Decool. Une grange a été complètement détruite avec tout ce qu’elle contenait… Cause inconnue ».
Le 23 novembre 1898, un « feu s’est déclaré dans une meule de blé appartenant à M. Hannedouche Louis, 68 ans, cultivateur à Annequin. Quelques bottes seulement ont pu être sauvées. La cause du sinistre est inconnue ».
Le 17 mai 1900, « M. Anatole Scherpere constata que le feu était à sa boulangerie. Avec l’aide des voisins, on empêcha l’incendie de s’étendre à la maison d’habitation… »
Le 20 juin 1900, Tribunal de Béthune : « Melle Flore Baillon, d’Annequin, est encore bien jeune puisqu’elle n’est âgées que de 14 ans, mais elle fait montre de disposition qui pourraient bien lui faire filer … du mauvais coton. En effet, après avoir déjà été poursuivie pour vol et remise à ses parents comme ayant agi sans discernement, elle vient, le 26 Mai, de commettre une nouvelle faute qui l’amène une deuxième fois devant le tribunal correctionnel. Cette fillette, sachant son voisin Henri Bouchez absent, s’introduisit chez lui et lui déroba une robe. Cette fois, le tribunal estime que Flore Baillon a agi avec discernement et la condamne malgré son jeune âge à six jours de prison. »
Accident à la fosse n° 9 : Le 17 juillet 1900, « à onze heures du soir, un éboulement s’est produit au fond de la fosse 9, dans une veine ou travaillaient plusieurs ouvriers. L’un d’eux, Henri Colmart, âgé de 40 ans, a été complètement enseveli. Quand on est parvenu à la dégager, il avait cessé de vivre. Le Docteur Hu de Vermelles, a constaté qu’il avait eu l’épine dorsale brisée. Colmart qui habitait Annequin, laisse une veuve et deux enfants. »
Venue du député Arthur Lamendin à Annequin, le 16 décembre 1900 : « Plus de 500 personnes se pressaient dimanche soir dans la salle Macquart, pour assister à la conférence tenue par M. le député Arthur Lamendin. M. Lugeux président a ouvert la séance en adressant les meilleurs souhaits de bienvenue au député de Béthune, puis ce dernier avec toute l’éloquence qu’on lui connaît, a rendu compte de son mandat et de ses votes à la Chambre. Le discours du député Lamendin a fréquemment été interrompu par les applaudissements de l’auditoire et couvert par les cris de Vive Lamendin ! Vive le député ouvrier !
Puis un ordre du jour  félicitant le député et lui renouvelant la confiance de ses électeurs a été voté à l’unanimité. L’assemblée a également approuvée l’attitude du syndicat dans l’entrevue d’Arras ».
Le 3 février 1901, « Flore Baillon déjà poursuivie trois fois pour vol, est encore inculpée de plusieurs escroqueries. Chez Léon Lefebvre, marchand à La Bassée, elle s’est dite envoyée par sa sœur Rosa, bien connue de la maison comme étant servante chez Mme veuve Tredez, elle a ainsi obtenu deux fourrures valant 10f50. Ceci se passait le 2 Janvier. Le même jour, elle a tenté de se faire remettre, par un moyen analogue, deux jaquettes, chez M. Dazin à Haisnes, et deux chapeaux chez Mme Ghesquière modiste à La Bassée. Elle est condamnée par le tribunal de Béthune à trois mois de prison. »
Le 17 mars 1901, « un grave accident s’est produit sur le pavé d’Annequin, route de Lille, le nommé Léopold Oudart, âgé de 21 ans, après avoir bu une chope à l’estaminet Macquart-Hennebelle, il donna un coup de fouet à ses chevaux et voulut monter sur son chariot, mais malheureusement, il perdit l’équilibre, tomba sur le pavé et la roue de devant lui passa sur la jambe droite. Le chariot stoppa à l’instant ce qui permit au jeune imprudent de se retirer et d’éviter ainsi une prise en écharpe avec la roue de derrière qui, certainement lui eut passé sur le corps… le médecin n’a pu se prononcer sur la gravité de la blessure. »
Le 27 avril 1901, « un accident mortel s’est produit au fond de la fosse n° 9. Un mineur, âgé de 27 ans, Olivier Creton était occupé au haut d’un plan incliné à dégager une pierre qu’il voulait faire tomber. Tout à coup, il perdit l’équilibre et tomba à la renverse. Comme le plan à une inclinaison de 65 degrés, il roula jusqu’au bas à 60 mètres de distance avec le pic dont il se servait. Creton laisse une veuve et cinq enfants. »
Le 15 septembre « un accident s’est produit à la fosse n° 9 ,… les ouvriers Théophile Hazalot (20 ans) et Henri Gallot (25 ans) étaient occupés à monter un appareil au sommet d’une taille lorsqu’ils renversèrent accidentellement un bois de soutènement, ce qui provoqua un éboulement. Hazalot fut enseveli. Une pierre d’environ 200 kilos lui avait défoncé la poitrine, et en se brisant elle avait atteint gallot, lui fracturant le pied droit. »
Le 22 janvier 1903, « un ouvrier, Pierre Delbarre (28 ans), qui était occupé à boiser une taille de la fosse n° 9, a été pris sous un éboulement et eu la colonne vertébrale fracturée ce qui provoqua son décès. »
3 septembre 1903 : « On vient de dresser le procès verbal à la charge d’une cabaretière d’Annequin, Marie Caron, qui est accusée d’incitation habituelle de femmes ou filles à la débauche … L’inculpée nie mais sa servante donne des détails précis et cite le nom de nombreux clients … ».
Suite à la catastrophe de Courrières (10 Mars 1906), durant laquelle 1099 mineurs ont laissé la vie, le conseil municipal d’Annequin a voté un secours de 100 francs en faveur des victimes. Un groupe d’Anciens élèves et d’amis de l’école ont organisé, dans le même but, une fête de bienfaisance.
Le 13 novembre 1911, « Henri Derache (20 ans), ouvriers à la fosse n° 9, a été atteint à la tête d’un bloc qui s’est détaché de la voûte d’une taille, est blessé grièvement. »
Un terrible accident se produisit, à la fosse n° 9, le 28 août 1912 : Un éboulement a enseveli trois ouvriers. « L’un d’eux, Emile Taffin a été tué. Un autre, Léon Guffoy a eu l’épaule fracturée. Quant au troisième, d’origine belge, il en a été quitte pour des contusions sans gravité. »

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Annequin durant la Grande Guerre :
L'alsace et la Lorraine perdues à la suite de la défaite française de 1870, ont intégré l'empire allemand. Les français souhaitent reprendre ces territoires et développent un sentiment revanchard et germanophobe. A la fin du XIX° et au début du XX° siècle, les tensions entre la France et l'Allemagne sont sensibles, certains prônent la guerre pour laver l'honneur français sali par la défaite de 1870, et des systèmes d'alliances sont mis en place. L'Allemagne, l'Autriche et l'Italie forment la Triplice, alors que la France, la Russie et l'Angleterre s'unissent dans la Triple Entente. Dans les deux camps, la course aux armements s'accélère. C'est l'assassinat de l'Archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d'Autriche-Hongrie, à Sarajevo, qui mettra le feu aux poudres. Et par le système des alliances, le 3 août 1914, l’Allemagne déclarent la guerre à la France. Le 31 août, un premier détachement allemand arrive à Arras. Le 3 octobre, Auchy et ses environs sont occupés par les allemands. Le front s’étend du nord au sud à travers les communes de Laventie, Richebourg, Festubert, Cuinchy, Annequin, Cambrin, Noyelles, Vermelles, et se poursuit vers Vimy. Annequin se trouve donc, dès le début de la guerre dans la zone de combat, et reste menacée jusqu’en 1918. Une partie de la population fuit la commune pour se mettre à l’abri. Le 8 décembre 1914, Vermelles, qui était depuis deux mois le théâtre d’une lutte acharnée, est repris par les troupes françaises.

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Le 26 janvier 1915, les troupes allemandes lancent cinq attaques contre les lignes anglaises stationnées à Annequin, Cuinchy et Givenchy. Ils sont repoussés et laissent de nombreux morts. Sur la seule route de Béthune à La Bassée on dénombre près de 400 cadavres. Le 1er février, l’armée britannique repousse, de nouveau, trois attaques devant Cuinchy.
En avril 1915, les bombardements sont quotidiens, les dégâts sont énormes mais le front se stabilise ensuite. Des tranchées sont creusées à Annequin, Cambrin, Cuinchy, etc. Le 10 avril 1918 Givenchy est repris par une brillante attaque, la 55° division y fait 750 prisonniers. Huit jours plus tard, de durs combats éclatent sur une grande partie du front, depuis le canal de La Bassée à Givenchy, jusqu’à la Lys. La bataille est particulièrement violente dans les environs car l'ennemi s'obstine, mais sans succès. Le 22 avril, surviennent des attaques ennemies en face de Cambrin. Trois jours plus tard, les combats se déroulent dans le voisinage de Beuvry.
Les affrontements sont d’une telle violence que les annequinois évacuent le village le 13 avril 1918, et n’y reviendront que six mois plus tard, le 1er octobre. Entre temps, les alliés lancent l’offensive victorieuse (du 21 Août au 16 Octobre).
Le 2 octobre, les allemands se replient définitivement. Le Pas-de-Calais est entièrement libéré et l’armistice est signé le 11 novembre 1918.


Les conséquences de la Première Guerre Mondiale :

Annequin a beaucoup souffert de la Grande Guerre. La commune a perdu 103 habitants (54 soldats et 49 civiles). Les tombes du Common Wealth de 9 soldats britanniques tombés en 1915 et 1916 sont visibles, aujourd’hui encore, au cimetière communal.

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Le registre de délibérations du conseil municipal témoigne des destructions engendrées par les combats : « Le village a connu des dommages matériels considérables, aucune maison n’est intacte. 23% rasées. Le territoire est couvert de tranchées, de fils barbelés …Les maisons ont été entièrement pillées … ». Les dégâts sont énormes, la région a été ravagée par les batailles. Des baraquements sont mis en place pour loger les habitants dont les maisons ont été détruites. L’église est, elle aussi, en ruine. Le conseil municipal décide donc de la faire reconstruire à l’emplacement préexistant. Les travaux de l’église s’achèveront en février 1929.

ezfded (Route nationale - Route de Lille après guerre)

Dans le but d’activer les travaux de reconstruction qui s’opèrent avec une « lenteur déplorable », le conseil municipal sollicite, en octobre 1920, l’autorisation préfectorale de former une coopérative communale.
Aux destructions, il faut ajouté les fossés obstrués par l’état de guerre, qui entravent l’écoulement des eaux. Le conseil municipal souligne de nouveau cette situation au préfet, le 19 mars 1921 : « Certaines rues sont impraticables. Il importe de ne pas différer plus longtemps ce travail d’importance capitale au triple point de vue de l’hygiène, de la sécurité, et de la salubrité publique ».
Suite aux souffrances endurées et grâce au courage de ses habitants, Annequin est décorée de la Croix de guerre le 20 septembre 1920.
Funérailles d’un poilu à Annequin, d’après le journal l’Avenir de Lens :
« Le dimanche 20 mars 1921, ont eu lieu au milieu d’une nombreuse assistance les funérailles du soldat Firmin Châtelain du 4° groupe cycliste, blessé à Lorette, le 14 juillet 1915 et mort 11 jours après, le 25 juillet à l’hôpital d’Amiens. Le maire, les conseillers municipaux, les sociétés de la commune, la population toute entière pourrait-on dire, ont accompagné au champ du repos la dépouille de ce brave qui jouissait d’une sympathie générale. Des discours émouvants ont été prononcés sur la tombe. »
A Annequin comme ailleurs, les années 1920 sont marquées par le deuil et la volonté d’honorer les morts. La municipalité fait ériger un monument aux enfants d’Annequin « Morts pour la France », qui est inauguré le 29 juin 1924. Le monument est l’oeuvre du sculpteur Louis Poupart, et représente un soldat qui s’effondre en défendant son drapeau. Voici comment le journal l’Avenir de Lens du 10 juillet 1924 rapporte l’inauguration du monument :
« La cité d’Annequin à peine relevée de ses ruines, a déjà voulu honorer la mémoire des ses glorieux morts.
La cérémonie de l’inauguration a eu lieu le 29 juin devant une foule nombreuse et recueillie.
Dès le matin, toutes les rues sont animées. Ici on s’occupe à ériger des arcs de triomphe, là on arbore son drapeau, on jette des fleurs et de la verdure, etc. au bout de quelques heures, Annequin est transformé, et présente un aspect merveilleux.
A 10 heures a lieu la grand’messe, célébrée par M. l’abbé Bigot, dans la nouvelle église aménagée et ornée pour la circonstance.
M. l’abbé Chappe, directeur du grand séminaire, prononça une magnifique allocution. Il salue d’abord la population qui a donné pendant la guerre un si bel exemple de courage et de bravoure. Malgré la si courte distance qui les séparait des Boches, les braves mineurs n’ont pas cessé de fournir du charbon. Il est venu avec eux honorer les braves tombés au champ d’honneur. M. l’abbé Chappe remémore alors toutes les souffrances endurées par nos braves poilus. Il nous reste des devoirs à accomplir envers eux, dit-il, restons tous unis, et prions pour eux.
Une foule nombreuse assistait à la messe parmi laquelle on remarquait : M. Malatray, ingénieur en chef aux mines de Béthune, M. Jouglas, ingénieur divisionnaire, M. Morel, ingénieur, M. Thorel, l’un des principaux organisateurs de la fête, un grand nombre d’employés et d’ouvriers, etc.
On remarquait encore l’harmonie la Victoire qui se fit entendre plusieurs reprises au cours de la cérémonie ; la société de gymnastique la Fraternelle, la jeunesse catholique, les Charitables.
A l’issue de la messe un cortège se forma pour aller bénir le monument.
Après la bénédiction, M. l’abbé Chappe reprit la parole. En quelques mots il rappela la signification du monument, et la grandeur du soldat, il recommanda surtout de prier pour nos glorieux morts.
Puis on récita un De Profundis, et le cortège se disloqua. L’après-midi eut lieu la cérémonie civile.
A 14 heures à la mairie se fit la réception des nombreuses sociétés venues des communes environnantes.
A 16 heures eut lieu le défilé qui parcouru toutes les rues. Nous ouvrons ici une parenthèse pour raconter l’incident qui se produisit. Un communiste avait cru malin d’attacher aux poteaux plantés de chaque côté de la route une banderole rouge avec cette inscription « à bas la guerre ». Pendant le défilé, plusieurs sociétés ne passèrent pas en dessous. Ce même communiste, au moment des discours, demanda la parole à M. le maire. Ce qui lui fut refusé.
On se dirigea vers le monument, où était déjà rassemblé une foule nombreuse.
M. Meurillon, premier adjoint au maire, fit d’abord l’appel des héros tombés au champ d’honneur. A l’appel de chaque nom, un enfant répondait « Mort pour la patrie ».
M. le maire, entouré de son conseil municipal, avait pris place sur une estrade dressée près du monument. On remarquait aussi MM. Larue, conseiller général du canton de Cambrin, Maes, député.
Au nom de la municipalité, M. Sénéchal, maire, prit la parole. M. Régis, de Festubert parla au nom des mutilés et anciens combattants. MM. Larue et Maes leur succédèrent. Tous rappelèrent en termes vibrants et plein d’éloquence, ce qu’endurèrent nos soldats.
Le soir eut lieu l’illumination du monument. Longtemps les habitants d’Annequin garderont le souvenir de cette solennité. »

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La vie économique a été entravée pendant la guerre. Les concessions de la compagnie des mines de Béthune furent envahies, en partie, dès les premiers jours d’octobre 1914 par les troupes allemandes. Ces derniers ont alors inondés ou bouchés les puits afin d’éviter que les troupes alliées n’empruntent les galeries pour les prendre à revers. La fosse n° 9 située à 2500 mètres des premières lignes dut arrêter son activité durant de longues périodes. Si quelques travaux d’entretien ont bien été effectués la nuit, pour éviter d’attirer l’attention, les pompes ayant été arrêtés dès octobre 1914, une partie des galeries se trouvent inondées. Après guerre, les travaux de dénoyage s’imposent pour la reprise de l’exploitation.

La compagnie de Béthune fait reconstruire la cité 9. L’habitat est alors amélioré, et l’ensemble est étendue. Les travaux s'achèvent en 1921. Aujourd’hui encore, on appelle la cité 9 : « les corons », comme nous le faisons pour désigner l’ensemble de l’habitat minier. En réalité, cette appellation est fausse. Il ne s’agit pas ici de corons, mais d’une cité pavillonnaire. En effet, les corons sont des grandes barres de maisons de petite taille, collées les unes aux autres, et pouvant atteindre une certaine longueur. Ces barres regroupaient à l’origine 60 ou 80 maisons, mais furent peu à peu réduites à 20 ou 10 maisons. Les corons représentent le premier habitat minier développé par les compagnies houillères entre 1825 et 1870. A partir de 1870, les compagnies minières construisent non plus des corons, mais des cités pavillonnaires. Il s’agit de cités formées par la réunion de 2, 3 voire 4 maisons entourées d’un jardin. Cette disposition permet de donner de l’indépendance aux ménages, la satisfaction d’être « chez soi », mais surtout plus de confort. En effet, les maisons des cités pavillonnaires sont plus grandes et comptent davantage de pièces que celles des corons. La cité pavillonnaire est alors le meilleur habitat ouvrier de France. Il faut remarquer que durant cette période, les compagnies minières connaissent leur « âge d’or » et que ce type de cité était moins sensible aux affaissements de terrains provoqués par les travaux du fond. De plus, il existait une forte concurrence entre les compagnies pour attirer la main d’oeuvre. La mise à disposition d’un logement agréable est, de toute évidence, un argument de poids qui motivait les mineurs à rejoindre telle compagnie plutôt qu'une autre. Elles se sont attachées à faire de ces cités, des centres réunissant tout ce qui est nécessaire à la vie sociale : lieux de réunion, terrains de sports, etc. C'est aussi à cette époque que le club de football la "Fraternelle" voit le jour. Ce club fait la fierté du village et à chaque rencontre, les supporters sont nombreux sur le bord de la pelouse. On va ensuite prendre un verre et refaire le match, se remémorer les phases de jeux ...

(L’équipe de football la « Fraternelle » en 1923) thght

Les écoles de la commune ont, elles aussi, été construites et sont entretenues par la compagnie  des mines. L’enseignement et les fournitures y sont absolument gratuits. Il faut dire que  toute la vie du village est liée à la compagnie.
Peu à peu, les canalisations d’eau potable, qui jusqu’alors aboutissaient à des bornes-fontaines au coin des rues, sont complétées par des branchements individuels avec évier pour chaque logement. Cependant, seules les maisons de la cité 9 bénéficient de ce confort.

(Cité 9 en 1924) jkgdf

L’après guerre est également marquée par une augmentation du coût de la vie. C’est pour cette raison que les mineurs demandent en 1919, que les compagnies attribuent à leurs ouvriers une indemnité de vie chère, pour la période du 1er octobre au 15 février 1919. Cette revendication est acceptée par les compagnies de Béthune, Noeux, Bruay, et de Marles. Les mineurs réclament également l’application de la journée de travail de 8 heures à tout le personnel de « l’intérieur et de l’extérieur » ; les 8 heures comptés de l’entrée à la sortie de la mine ; l’institution de 3 équipes de 8 heures chacune ; l’établissement d’un bordereau de salaire, le salaire pour la catégorie la moins rétribuée devant assurer le droit à une existence confortable ; la suppression de la tâche individuelle, chacun devant produire selon ses forces ; l’augmentation des salaires ; etc. Ceci nous rappelle que les mineurs ont souvent été à l’origine des avancées sociales de l’époque.
En 1920, la compagnie des mines de Béthune passe une convention avec le gouvernement britannique pour le rachat de la ligne ferrée construite pendant la guerre par l’autorité militaire britannique entre Vermelles et la fosse n° 9. Cette voie ferrée se dirige vers Noyelles les Vermelles, et prend la direction de Mazingarbe.
Dès 1925, on peut considérer comme terminée la reconstruction de l'ensemble des installations des mines du Nord/Pas-de-Calais qui retrouvent ainsi leurs potentiels de production d'avant-guerre. C'est en 1930 qu'elles atteignent le niveau record, jamais égalé, de 35 millions de tonnes, soit 67% de la production nationale.
L'outillage est modernisé, le marteau-piqueur à air comprimé, en particulier, remplace le traditionnel pic pour l'abattage. L'énergie est désormais massivement utilisée dans les chantiers souterrains et « au jour ».

tt('t'zédfgvbc (Fosse 9 en 1926)

L’Entre deux guerres :
A la fosse n° 9 comme ailleurs, les besoins de main d’œuvre engendrés par l’exploitation du charbon sont tels que les compagnies font appel à la main d’œuvre étrangère. Dès les débuts de l’exploitation minière, des ouvriers belges plus expérimentés, sont venus travailler dans le Pas-de-Calais. Après guerre, quelque 70 000 polonais s’installent dans notre région. Le conseil municipal manifeste alors « son inquiétude au sujet de l’invasion des écoles publiques par la nation polonaise. Le nombre d’élèves s’accroît chaque jour. 28 filles et 33 garçons. Serait-il possible d’y mettre un terme ? ». Notons qu'un baraquement destiné aux polonais est construit, place Ferry. Ceux-ci s'y réunissent le dimanche, pour chanter, danser et boire entre-eux. Ce baraquement leur est exclusivement réservé et l'entrée reste « interdite » aux français.
1921, la commune compte 1804 habitants.
L’automobile se développe ! En 1925, le conseil municipal prend un arrêté pour réglementer l’allure des autos dans la traverse d’Annequin à 12 km/h !
En 1929, la municipalité achète des terrains afin d’entamer la construction d’une nouvelle mairie et d’une salle des fêtes (l'ancienne mairie étant située derrière l'école de la route nationale 41). Le conseil municipal porte alors son choix sur le projet influencé par l’Art Nouveau de M. Evrard, architecte agréé de Béthune, qui achèvera notre mairie en mai 1932.
Annequin voit l’ouverture du cinéma Morieux dans la rue Salengro ! Il faut souligner que le cinéma est né en 1895. La commune bénéficie donc assez rapidement de cet équipement qui connaît un succès considérable. Les séances se tiennent le samedi après-midi et le dimanche. Ce cinéma sert aussi de café et par la suite de gallodrome pour les traditionnels combats de coqs. Annequin est, à durant cette période, un village très animé. La fosse fait travailler un grand nombre d'annequinois, mais aussi beaucoup d'ouvriers des villages voisins (Richebourg, Beuvry, Cambrin ...). D’ailleurs, un bus réalise le ramassage des ouvriers des communes alentours alors que d'autres viennent à bicyclette. La rue Salengro est bordée de commerces et de cafés où les mineurs se retrouvent après le travail. Certains cafés offrent même le logement.

 

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Faits divers rapportés par le journal l’Avenir de Lens ou par les registres du Conseil municipal :

Extrait du registre du Conseil municipal du 5 février 1920 : « Le Conseil municipal interprète de la population toute entière sollicite de l'autorité compétente le déplacement de Melle Denis, institutrice stagiaire, pour les motifs suivants : Intempérance, négligence dans le service, manque de tenue. Les parents intéressés ont signé avec une unanimité remarquable la pétition ayant trait au déplacement de Melle Denis. Certains affirment catégoriquement qu'ils ne veulent pas confier leurs enfants à une institutrice aussi peu recommandable. Son départ s'impose dans une région où les enfants ont besoin de maîtres expérimentés ». L'appel du Conseil municipal est entendu, puisque cette Melle Denis est nommée à Noyelles-Godault en octobre 1920.

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(Carte postale de l'école de la Route Nationale)

Le 15 juin 1922, « l’Harmonie « La victoire » présidée par M. Sergent et dirigée par M. Berche, a obtenu un très grand succès au concours de musique de Lille. C’est ainsi que lui furent décernés un deuxième Premier prix de lecture à vue ; un Premier prix d’exécution, un Deuxième prix en Honneur. Dès que la population d’Annequin apprit que l’harmonie s'était couverte de lauriers, une réception fut organisée. Les sociétés locales, une délégation de la musique de Bully, se portèrent au devant des vainqueurs sur la grand’route de Cambrin. Suite aux félicitations on se rendit au siège où furent servis les vins d’honneur. Un bal très animé termina cette charmante fête ».

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Durant les années 1920 et 1930, l'harmonie "La victoire" compte plus de cent musiciens et remporte de nombreux prix et récompenses. L'harmonie participe à des concours renommés et représente la commune jusque dans le centre de la France ! Les répétitions se tiennent au café Vicard puis Laplume. "La Victoire" est de toutes les fêtes annequinoise. Chaque 14 juillet, elle mène le cortège des sociétés qui rejoint le stade où se tiennent de nombreuses animations : course à brouette, course en sac, course de grenouille et autres jeux.
Dans la soirée du 17 mai 1923, « quatre individus qui étaient ivres ont mis en émoi les corons des fosses n° 9 et n° 13. Armés de bâtons, ils ont parcouru une partie du village menaçant de mort les habitants et endommageant les portes, les fenêtres, et le mobilier. Ils en voulaient surtout aux polonais. Dans leur ivresse furieuse, ils ont mis le feu aux bottes de paille déposées devant l’habitation de M. Vieubled, qui était décédé la veille. Puis, ils ont pénétré dans la maison mortuaire voulant frapper M. Mortreux, cultivateur, et son cousin M. Héripet qui veillaient le mort. Devant l’attitude énergique de Mme Vieubled. Ils se sont en allés. La gendarmerie les recherchait »
Une très intéressante conférence animée par le Père Lalong, missionnaire en Centre Afrique, s’est tenue, le 16 décembre 1923. « Le sujet de cette conférence été des plus instructifs et l’intérêt a été d’autant plus soutenu que le conférencier connaît admirablement son sujet pour l’avoir vécu lui-même parmi les peuplades qu’il a évangélisé durant de nombreuses années. De plus, son récit était illustré de nombreuses vues projetées sur l’écran. Le conférencier traita d’une manière spéciale ce qui concerne la région de l’Ouganda ... ».
Dans la soirée du 9 avril 1924, Annequin est le théâtre d’un crime affreux. « Une modeste commerçante, âgée de 62 ans, a été froidement assassinée par un gamin de 16 ans et demi, qui avait prémédité son forfait et espérait trouver chez sa victime assez d’argent pour dédommager le patron aux dépens de qui il avait commis de nombreux abus de confiance.
Mme veuve Dumont, née Marie Louise Poillon, avait installé à Annequin, rue Grimaldi, près de la fosse 9, une modeste épicerie. Elle vivait seule. Mme Dumont qui avait une assez bonne clientèle passait pour avoir quelques économies.
L’assassin :
Le meurtrier est Paul Deretz. Il était entré, il y a deux mois, au servie de M. Lemal, boucher à Annequin, qui le chargeaient de visiter la clientèle, tant pour la livraison que pour les recettes … on s’était aperçu qu’il encaissait des sommes plus ou moins importantes chez les clients, mais oubliait de les verser à la caisse de son patron. Il était sur le point de se faire prendre en flagrant délit d’escroquerie, et c’est pour rendre ce qu’il avait volé, qu’il lui vint l’idée de commettre le crime qui nous occupe … Deretz pris un couteau dans la boutique de son patron.
Le drame :
D’après les constatations faites, il résulte que Deretz qui, souvent achetait des bonbons, et pâtisseries, chez Mme Dumont, se présenta chez elle sous prétexte d’un nouvel achat. Sans méfiance, la commerçante se disposa à servir le jeune homme, mais celui-ci brutalement se jeta sur elle dans le comptoir. La pauvre femme engagea une lutte terrible avec son agresseur. Deretz s’acharna sur l’épicière et la frappa au thorax, puis à l’épaule droite : ces deux blessures ont entraînées la mort. Les cris de Mme Dumont effrayèrent le criminel qui laissant tomber son arme, s’enfuit sans avoir pu rien voler. Mme Dumont traversa sa cuisine, sortit dans la rue et vint frapper à la porte de M. Choquet, cabaretier, son voisin en appelant au secours. M. Choquet s’empressa de sortir reçut dans les bras de Mme Dumont qui put encore murmurer « On vient de m’assassiner ». La malheureuse devait bientôt expirer, après avoir pu dénoncer le garçon boucher.
Des recherches furent faites sans retard pour retrouver le meurtrier. Le jeune meurtrier a été arrêté Vendredi dans la matinée à Houdain … Ce drame a causé, à Annequin et dans les communes des environs, une vive émotion. »
La crise des années 1930 :
La crise économique des années 1930 n’a pas ménagé l'industrie charbonnière, et malgré les progrès de rendement (1250 kg en 1936) et les efforts de modernisation et de restructuration menés par les 18 compagnies minières réunies au sein du Groupement des Houillères, la production commence à décliner. A la veille de la Seconde Guerre Mondiale, le bassin produit 32 millions de tonnes de charbon, 60% de la production et 40% de la consommation nationale. Cette crise qui a débuté aux Etats-Unis en 1929, touche la France quelques années plus tard. En 1935, le conseil municipal d’Annequin tente de réduire les effets de cette crise en demandant au préfet la suppression des taxes communales.
Mais la vie n'est pas que privation et les annequinois profitent aussi de moment de joie et de fête. D'ailleurs, le Tour de France Cycliste traverse la commune en empruntant la route nationale 41, dans l'après midi du 27 juin 1933. Un évènement qui est resté dans la mémoire de nos anciens !
Quant au club de football La Fraternelle, il enchante toujours autant les annequinois avec des joueurs dont le nom évoquera bien des souvenirs à certains. Paul Vostajek, Robert Carelle, Jules Delehaye, Hennebelle et bien d'autres portent haut les couleurs d'Annequin !
Le 2 Septembre 1939 : Début de la seconde Guerre Mondiale
Le 10 mai 1940, la Wehrmacht attaque par surprise les Pays-Bas et la Belgique qui théoriquement sont neutres. Les armées franco-anglaises interviennent en Belgique, mais les Allemands percent la ligne Maginaux et se ruent sur la Somme pour encercler les armées alliées. Ces dernières se replient en direction de Dunkerque pour s’échapper vers le Royaume-Uni.
A Annequin comme partout dans la région, le début de la Seconde Guerre Mondiale est marquée par l’exode des populations belges (que les gens du nord appellent « l’évacuation ») qui souhaitent échapper à l’occupation. La commune accueille quelques réfugiés du département voisin. Les bombardements sont aussi une constante  dès 1940, évidemment, les villes sont les plus touchées. A partir de 1942, les bombardements visent des points stratégiques, les usines, les noeuds ferroviaires, les ports, etc. L’invasion est marquée par de très violents combats des Ardennes à la côte d’Opale. La résistance des troupes franco-anglaises est forte, et signalons que ces combats de retardement qui se sont menés dans notre région (sur l’Escaut, à Lille et sur la ligne des canaux du bassin minier), ont permis d'évacuer en urgence 340 000 soldats britanniques et français à Dunkerque au cours de l’opération « Dynamo » (26 mai au 4 juin).
Des troupes anglaises stationnent à Annequin. Le soldats britanniques logent chez l'habitant, notamment dans la cité 9. Ces troupes alliées apportent avec elles quelque ravitaillement (du fromage et d'autres denrées alimentaires) qui réchauffe le coeur et le ventre des annequinois. "Lors de cette période, des liens se sont créés et après la guerre, des soldats anglais sont revenus dans la commune pour saluer leurs amis annequinois" témoigne Pauline Renuy.
Mais les efforts alliés ne suffisent pas à stopper les troupes allemandes qui investissent notre village. "Lorsque les allemands sont arrivés à Annequin, la population a été évacuée. Les gens allaient souvent dans leur famille, dans les villages voisins. Moi je suis allée à Bully. Mais ça n'a pas duré et nous sommes rentrés après trois ou quatre jours" se souvient Pauline Renuy.
L’armistice du 22 juin 1940 marque la plus grave défaite de l’histoire de France. Dès lors, la région est en situation de coma. Les activités économiques sont réduites. L'usine de chaussures et pantoufles située dans le « bas d'Annequin » ferme définitivement ses portes.
En juin 1940, la France est divisée en plusieurs zones par l’occupant. Les deux départements du Nord et du Pas-de-Calais sont rattachées au commandement militaire allemand de Belgique, ce que la population perçoit comme une menace d’annexion, à terme, au Reich. Jusqu’à la fin 1941, l’occupant s’efforce de couper toute liaison avec le reste de la France et avec le gouvernement de Vichy.
Les seuls témoignages écrits de l’occupation allemande à Annequin proviennent du registre des délibérations du Conseil Municipal, qui retranscrit un courrier du Préfet datant du 26 juillet 1940 : « J’ai l’honneur de vous faire connaître que conformément à la demande du conseil municipal, je viens d’accorder à votre commune, sur les fonds mis à disposition par les autorités allemandes supérieures, un prêt de 13 000 reichsmarks … », et en 1941 : « Les autorités d’occupation ont exigé, pour réprimer le braconnage, la nomination d’un garde chasse pour chaque commune ». 
Si le conseil municipal de l’époque n’y fait que vaguement allusion, l’Occupation n’en est pas moins rude. Les travaux forcés, les déportations, les réquisitions (logements, chevaux, fourrage, ...), le pillage des productions de charbon, la mise en place du STO (service du travail obligatoire) dès 1940, qui contraint les jeunes ouvriers à partir en Allemagne, l’inefficacité du système de rationnement et le développement du marché noir , la perspective d'une annexion au Reich sont autant d'éléments qui conduisent au rejet massif de l'occupant et au développement des réseaux de Résistance. De par la proximité de l'Angleterre, le département du Pas-de-Calais se trouve en zone de guerre et les troupes ennemies sont beaucoup plus présentes que sur le reste du territoire. Aussi, la Résistance prend la forme de réseaux de renseignements, on cache les soldats alliés. Puis ces réseaux se structurent et se spécialisent dans l'hébergement et le convoyage vers l'Espagne d’aviateurs abattus.
Le parti communiste dissous en 1939 reprend clandestinement son activité et, dans l'ensemble du bassin minier, les militants organisent une grande grève des mineurs (du 27 mai au 6 juin 1941). Cette grève mobilise 80 % des houilleurs de la région. C'est la plus grande grève jamais observée dans un pays occupé. Les allemands la répriment sévèrement. 250 grévistes seront déportés au camp de concentration de Sachsenhausen. La Résistance s'organise aussi à Annequin. Des mineurs se réunissent derrière le terril, à l'abri des regards. Certains résistants annequinois sont même déportés comme Lucien Meyfroid, qui sera envoyé au camp de Buchenwald, mais aussi Raymond Dubois emmené par les allemands. Quant à Victorien Pottier, il est fusillé sur la route de Saint Pol. La Résistance annequinoise est acharnée, les rumeurs affirment que les FFI (Forces françaises de l'Intérieur) annequinoises ont abattu des soldats ennemis dans le bas d'Annequin. Mais, ils mènent aussi des actions de répression contre ceux que l'on suspecte de collaborer avec l'ennemi. Pauline Renuy raconte : "Un jour, en rentrant, j'ai vu les FFI fusiller un annequinois sur la petite place devant l'église. Ils le suspectaient de transmettre des renseignements aux allemands car ils portait un nom polonais et parlait bien l'allemand. Après l'avoir fusillé, ils se sont cachés dans un café de la rue de l'église. Très vite les allemands sont arrivés en voiture pour rétablir le calme, vitres ouvertes avec un soldat armé d'une mitraillette. En passant devant le café où les FFI s'étaient réfugiés, j'ai pu voir que l'un d'eux était monté sur une table pour observer ce que faisaient les allemands ... ils n'avaient pas peur d'eux". Cependant, l'occupation est dure, la population vit sous pression et dans la peur. "Après une séance de cinéma, les allemands qui cherchaient quelqu'un ou quelque chose, ont aligné tout le monde le long du mur menant au stade et terrorisaient la population. Ils criaient et nous ne comprenions rien. Finalement, ils nous ont laissé partir ... Des troupes allemandes passaient souvent sur la route nationale en direction de Lille. Ils convoyaient des prisonniers de guerre. Certains tentaient parfois de s'échapper mais ils étaient vite rattrapés. Il y en a un qui m'a demandé à boire, un anglais. Je lui ai donné de l'eau et pour me remercier il m'a tendu un petit sac en velours dans lequel il y avait des médailles" rapporte Pauline Renuy.
Et si les exploitations minières sont réquisitionnées par les pouvoirs allemands, que le charbon extrait par nos mineurs est aussitôt envoyé en Allemagne, le travail est fait sans zèle. Certains préfèrent même envoyer le charbon sur les terrils, plutôt que de le voir aux mains de l’ennemi. C’est ainsi qu’ils remplissent parfois les berlines de charbon, puis les recouvrent de roches « stériles ». Au tri, les berlines sont alors envoyées vers les terrils.
Le débarquement allié en Normandie, le 6 juin 1944, est accueilli avec soulagement. Le Nord et le Pas-de-Calais sont  libérés en cinq jours (du 1er au 5 septembre 1944) par des troupes britanniques, américaines, canadiennes et polonaises. Comme en 1918, la région se trouve aux premiers rangs pour les destructions subies. Notre commune porte, aujourd’hui encore, des traces de la Seconde Guerre Mondiale. Un blockhaus est d’ailleurs toujours visible dans la rue Fontaine. Ce blockhaus servait très certainement de dépôt de munitions.
Notons également l’inscription suivante, présente sur notre monument aux morts :
Déportés et S.T.O. Annequinois :

HACHIN Fernand
MEYFROID Lucien
VANDEMBEUCHE Gaston
HANNEDOUCHE Alexis
COMPAGNON Edmond
COUSTENOBLE Amédée
DELAROQUE Gilbert
DUCROCQ Roland
POTTIER Victorien

Les conséquences de la Second Guerre Mondiale :
Si la guerre est terminée, le quotidien reste assez dur. Il est parfois encore difficile de trouver certaines denrées, d’autant que le coût de la vie augmente. Les annequinois reçoivent des bons de textile et de chaussures. D’autre part, pendant les cinq années de guerre et d'occupation, toute l'activité minière s'est figée. Aucun investissement n'a été réalisé, les outils et machines n'ont pas été entretenus. A la libération, le matériel de production est détérioré, tout doit être remis en état.
En 1944, Le Général de Gaulle fait nationaliser les Houillères (Houillères de Bassin du Nord/Pas-de-Calais) pour favoriser la « bataille du charbon » avec les autres pays européens, et surtout parce que la France a besoin d’une grande quantité de charbon pour reconstruire. Le travail des mineurs est alors glorifié. Cependant, les restrictions alimentaires se perpétuent alors que les mineurs meurent au travail "pour relever le pays". La Reconstruction sera relativement rapide. Malgré cela, les industries traditionnelles de la région (mines, métallurgie, textile) connaissent une crise. Et malheureusement, le Nord et le Pas-de-Calais ne bénéficient que de manière limitée des effets de la croissance française des "Trente Glorieuses". A Annequin, la main d'oeuvre afflue. Le "train des mines", venant de La Bassée, dépose chaque jour des ouvriers qui rejoignent la fosse 9.

tyyyer (Carte postale de l'église Saint Martin d'Annequin)

Les années 1940 et 1950 :
La rue Salengro compte nombre de cafés et de commerces : Le Café Macquart, Chez Florent, le Café de Jenny Choquet, le cordonnier Cuvelier, le Café Crouzet, le cordonnier Durteste, la boulangerie Colmat, l'épicerie du Nord, le Café Doyennette, le Café Vironda, la coiffeuse Marie-Louise Blanquart, le boucher Dupont puis Fabre, le cinéma Morieux.
Dans les corons, on trouve aussi, le Café Spartaco, le Café Hachin, le Café Grusons au croisement de la rue Salengro et du Boulevard d'Hébuterne, la boucherie Lemal à coté de la coopérative minière. Dans la rue de l'église, le Café Dubois, le café Saint-Yves. La route nationale n'est pas en reste, avec le Café Chez Octave Boucher, Chez Copin, la charcuterie Attagnant, les Docks du Nord (une épicerie). Et sur la place Basly, se trouve le maréchal ferrant Hoguet. Dans le bas d'Annequin, la boucherie Houssaert, le Café Nicolas et le Café Girot, ainsi que l'usine de chaussures et de pantoufles. La commune compte également une vingtaine de fermes dans lesquelles certains mineurs travaillent durant les périodes de grosse activité.

Le 2 mars 1943, un coup de grisou à la fosse n° 9 fait 16 morts et 6 blessés. C’est la catastrophe la plus meurtrière que la commune ait connu. Pourtant, la présence de ce gaz n’avait été qu’exceptionnellement constatée dans le quartier. L’accident s’est produit dans une taille au moment d’un tir de mine pour faire tomber le toit. La mine qui avait raté, a été retrouvée intacte après l’accident. Cet accident doit donc s’expliquer soit par un tir d’amorce à l’air libre par le boutefeu pour faire exploser la mine, ou pour vérifier la ligne de tir, soit par une étincelle de court-circuit sur la ligne de tir qui comportait plusieurs parties dénudées. Le conseil municipal exprime alors sa solidarité et souhaite aider les familles des victimes. « Considérant qu’il reste à répartir une somme de 3000 francs provenant de subventions offertes par les communes du Canton de Cambrin pour les victimes de la fosse 9, le conseil municipal décide, sauf approbation de M. le Préfet, de répartir cette somme entre les familles des victimes de la catastrophe … ».

fdfgvvre (Stèle à la mémoire des victimes de la catastrophe minière du 2 mars 1943)

Le 7 mars 1947, le conseil municipal décide d’organiser une collecte en vue de l’érection d’un monument à la mémoire de Gabriel Peri, et de faire graver le nom des victimes de la dernière guerre sur le monument aux morts.
Deux ans plus tard, le conseil municipal souhaitant honorer la mémoire des résistants de la communes tués ou déportés par les allemands, change le nom de la « Petite rue » en « Rue des Résistants ».
Une grande grève éclate, en 1948. Elle illustre la scission entre la C.G.T (communiste) et le syndicat socialiste F.O. Dans la commune, les CGTistes manifestent devant la fosse 9, alors que les adhérents du syndicat F.O ne suivent pas la grève et continu le travail. Les CGTistes bloquent alors l'accès au carreau de fosse."Moi, je continuais le travail, mais les CGTistes nous menaçaient. Ils ont même lancé une grenade allemande dans mon jardin ... heureusement elle n'a pas éclaté. D'après les démineurs le détonateur ne s'est pas enclenché ... Finalement, nous avons décidé de rester à la maison, puisque de toute façon les manifestants empêchaient d'accéder à la fosse. Mais Fernand Coustenoble voulait aller travailler malgré tout. En arrivant là bas, les femmes de mineurs qui manifestaient lui ont couru après et pour leur échapper il a grimpé en haut du château d'eau. Tout le monde crier : descends de là Tarzan !" Finalement, elles l'ont laissé descendre et depuis se jour ce surnom lui est resté : Tarzan" raconte en souriant Paul Delehaye. Après huit semaines de grèves les troupes arrivent pour remettre de l'ordre, et chacun reprend le chemin de la fosse.

eyt(' (Représentation de la fosse 9, du terril et de la cité 9, en 1950)

En février 1951, les habitants du bas-d’Annequin adressent une pétition aux houillères de Noeux les mines concernant des affaissements de terrains provoqués par les travaux du fond.
En décembre de la même année, Le conseil municipal, en hommage aux services rendus à la commune, décide de donner le nom de « Rue Désiré Sénéchal » (Maire d’Annequin de 1919 à 1945), à la rue anciennement désignée sous le nom de « rue Fourchon ». Dans le même temps, la « Grande Rue » devient « Rue Léon Blum ».
En mars 1953, des travaux pour l’installation de canalisation d’eau (particulièrement dans le bas d’Annequin) débutent. Une convention est alors signée avec les houillères du Nord/Pas-de-Calais qui s’engagent à fournir l’eau. Les travaux s’achèveront en 1956.
Durant la deuxième moitié des années 1950, la compagnie des mines modernise la fosse 9 en procédant à l'électrification des galeries. L'exploitation annequinoise est alors beaucoup plus moderne que celles des villages alentours. Mais ce progrès n'empêchera pas l'arrêt de l'extraction quelques années plus tard.

La fermeture de la Fosse 9 :
Constatant la dégradation des résultats financiers des houillères de Bassin du Nord/Pas-de-calais, le gouvernement, en 1960, étudie un plan de régression de la production charbonnière et demande l'arrêt de l'embauchage. Ceci provoque le mécontentement de la corporation minière."En 1960, un sondeur est venu à Annequin, je l'ai rencontré par hasard. Il m'a reconnu et nous avons discuté un moment. Il m'a dit qu'il me faudrait trouver un nouveau travail parce que la fosse allait fermer dans trois ans, faute de rentabilité ... On savait donc déjà en 1960 que la fosse 9 fermerait" se souvient Paul Delehaye. Lorsque les fosses de la Clarence, celles de Labourse et d'autres ferment, les annequinois sentent que leurs tours arrivent. En mars 1963, une grève de 35 jours éclate mais rien ne peut plus changer la décision. Notre région de vieille tradition industrielle, que l'on disait invulnérable, subit à son tour les effets des transformations de l'économie française.
Les Houillères n'embauchent plus pour compenser les départs, et les fils de mineurs se détournent de ce métier qui n’offre plus de perspectives d’avenir.
En 1963, les sondages de la fosse 9 rencontrent le calcaire carbonifère à environ -650 mètres. La fosse d’Annequin ferme alors ses portes mettant fin à près d’un siècle d’histoire. Le puits est ainsi remblayé en 1964 et les HBNPC (Houillères de bassin du Nord/Pas-de-Calais) procèdent au démantèlement des installations du siège d’exploitation. Le travail de nos mineurs aura permis d'extraire 14 282 000 tonnes nettes.

 

fef" (Carreau de la fosse 9)

Les mineurs annequinois sont alors mutés dans les fosses voisines, les fosses 5 et 11 de Loos notamment. Celles-ci ferment les unes après les autres et nombreux sont ceux qui termineront leur carrière à Evin-Malmaison ou à Oignies où a été extraite la dernière gaillette du Nord/Pas de Calais, le 21 décembre 1990.
Après un siècle d’exploitation charbonnière et trente ans de reconversion, la mine a profondément marqué notre commune.